Page:Bouchor - Israël en Égypte, 1888.djvu/47

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les voix, et entrecoupées de brefs silences. Le début d’un chœur de Samson et Dalila, un des meilleurs ouvrages de M. Saint-Saëns, est visiblement inspiré par le sujet du chœur dont je parle. M. Saint-Saëns connaît ses maîtres à fond. Cela n’empêche pas qu’il s’est complu à énumérer les raisons, en général détestables, pour lesquelles il est impossible ou superflu de monter en France les oratorios de Bach et de Hændel.

Certes, le maître a su introduire la plus vivante diversité dans un sujet qui pouvait sembler monotone : l’écrasement de l’Égypte. Mais voici qu’une toute nouvelle inspiration, heureuse et tendre, vient traverser une œuvre de colère. Jéhova se tourne vers son peuple ; il va l’emporter dans ses bras, comme un père emporte son enfant. Il n’y a point ici d’exagération ; nous ne respirons pas, avant l’heure, l’atmosphère de l’Évangile. Mais les images pastorales, si fréquentes dans la Bible pour exprimer les rapports de Dieu avec son peuple, ont été rajeunies merveilleusement par Hændel. Après un exorde où éclate la joie, il se fait un grand apaisement. Les contralti chantent une phrase toute mélodieuse dans sa naïveté pastorale. « Il les condui-