Page:Bouchor - Israël en Égypte, 1888.djvu/56

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ment comme la clameur d’un peuple. « Moïse et les enfants d’Israël chantèrent ce cantique… » Et ils le chantent, Baille, pour notre plus grande joie. Rappelez-vous comme nous nous poussions le coude, clignant de l’œil l’un vers l’autre et faisant avec nos lippes une moue d’admiration. Rien de plus simple, de plus beau, de plus religieux que la phrase initiale, dite par les ténors à l’unisson des contralti. Les voix se fondent en une sonorité mâle et douce, tandis que la basse instrumentale monte ou descend avec une pesante rapidité. Ce premier motif, sur les paroles : « Je chanterai au Seigneur » est suivi sans transition par un thème de fugue allègrement rythmé, qui se déroule en une lumineuse vocalise. « Car il a triomphé glorieusement » chantent les deux chœurs alternés, s’exaltant l’un l’autre dans leur joie guerrière. Le second chœur, sur un rythme haché, crie : « Le cheval et son cavalier, il les a jetés dans la mer. » Les trois motifs se poursuivent et s’entrelacent. On voit flotter au vent l’éclatante banderole des vocalises ; de barbares syllabes se heurtent comme des cymbales ; et, dans le tumulte, l’action de grâces monte avec une religieuse lenteur. Puis la masse cho-