Page:Bouchor - Israël en Égypte, 1888.djvu/58

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qui sert d’introduction à un chœur massif : les voix y entrent si bien les unes dans les autres que les anges, ravis de cette mêlée, se mettent à souffler dans leurs trombones. « Il est mon Dieu : je le glorifie ; le Dieu de mes pères : je l’exalte. » Là-dessus apparaissent les deux barbes que j’ai célébrées ; et elles nous développent leur duo comme pourraient le faire un seigneur d’Éléphantide avec un prince de Rhinocère.

« Les flots les recouvrirent ; ils s’enfoncèrent dans le gouffre comme des pierres. » Dès le prélude ces hautbois qui nasillent dans le grave, cette basse entêtée ne disent rien qui vaille pour Pharaon. Les voix s’élèvent peu ; ce chœur funèbre a quelque chose de sourd et de voilé, comme les tambours de la mort.

Hændel, qui tire les plus puissants effets de contrastes fort simples, déchaîne maintenant les voix, les cuivres, les timbales. La plus pure joie éclate dans l’expression qu’il donne à ce verset : « Ta droite, ô Éternel, est admirable de force ; ta droite, ô Éternel, a broyé l’ennemi. » Il faut voir avec quelle bienheureuse alacrité les deux chœurs se renvoient leurs exclamations de triomphe.