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Page:Bouchor - Israël en Égypte, 1888.djvu/63

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et les sens ; que pourriez-vous dire ? Au contraire, après Israël en Égypte, nous n’aurions pu nous taire sans étouffer. Une fois hors de l’église, nous hurlâmes dans la nuit : « Chevaux et cavaliers, il les a jetés à la mer ! » Mais il n’en faudrait pas conclure, n’est-il pas vrai, Baille ? que Hændel ignore les plus profondes angoisses de l’âme humaine. Celles qui étreignent un cœur solitaire le touchaient aussi bien que celles d’une multitude opprimée. J’en prends à témoin, parmi tant d’autres, cette mélodie chargée de sanglots : « Il fut rejeté par les hommes » — que le maître écrivit, baigné de larmes, avec toute la pitié de son cœur[1].

Deux auditions de l’œuvre de Hændel nous parurent à peine suffisantes. A l’issue de la seconde nous allâmes nous réjouir en compagnie de Bâlois fort aimables ; et ce ne fut pas sans boire ni manger. Les solistes d’Israël en Égypte nous régalèrent des plus exquises mélodies. Il y eut des discours dans les deux langues, plusieurs toasts, beaucoup de bonne humeur, de bruyantes

  1. C’est un air de contralto en mi bémol, dans la partition du Messie.