Page:Bouchor - Les Symboles, nouvelle série.djvu/104

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En ondes s’échapper ; un or sombre se joue
Près de sa tempe unie et de sa belle joue ;
Et les anneaux soyeux vont caresser un sein
Dont mille ans de désir ont rêvé le dessin.
Telle, dans sa beauté dédaigneuse et parfaite,
Celle dont le sourire exquis est une fête
Pour les baisers de l’air et les yeux du soleil
Livre son âme heureuse au féerique sommeil,
Et demeure, ignorant la terre qui l’envie,
Depuis trois siècles, plus vivante que la vie.

                                * * *

Je crois te reconnaître, ô Mère aux yeux profonds,
Nature qui fleuris le monde où nous vivons.
Oui, c’est bien ton pensif et gracieux visage ;
C’est toi qui m’apparais dans ce bleu paysage.
Un lac de saphir pâle aux transparentes eaux
Songe derrière toi, sans fleurs et sans oiseaux ;
Et les rochers, témoins de ta vigueur première,
Semblent tout pénétrés d’azur et de lumière.