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Page:Bouchor - Les Symboles, nouvelle série.djvu/136

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Enfin vers l’Unité, vers l’ineffable Bien
Qui s’ignore lui-même et dont nul ne sait rien,
Qui, plus haut que l’amour, plus haut que la pensée,
Est l’éternel repos pour une âme lassée…
Mais l’heure où j’avais foi dans les mots est passée.
Ce n’est point vers la mort que mon cœur soupira !
Il n’est, dans l’absolu, ni bonheur ni supplices ;
Je ne comprendrai pas vos funèbres délices,
Tant que dans ma poitrine un cœur d’homme battra…

Votre âme d’un immense orgueil fut possédée.
Solitaires du Gange et rabbins de Judée,
Alexandrins, chercheurs troublés et haletants,
O mystiques de tous les temps !

Elohim, ou les dieux de l’Inde et de la Grèce,
N’éveillaient plus en vous ni crainte ni tendresse.
Vous étaliez en vain votre respect pieux,
Défigurant l’esprit de vos nobles aïeux,
Torturant, pour voiler une abstraite chimère,
Les saints Védas, la Bible ou le divin Homère !
Mais votre songe, à vous, fut-il si merveilleux ?