Page:Bouchor - Les Symboles, nouvelle série.djvu/152

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L’orbe resplendissant plongeait dans l’eau pourprée ;
La mer se couronnait de nuages de feu ;
Tout se transfigurait comme au souffle d’un dieu,
Et tu priais, mon âme, à cette heure sacrée…

Lorsque sur le soleil majestueux et las
La porte d’or du riche Occident s’était close,
Tel qu’un hortensia fleurissait le ciel rose,
Nuancé de vert pâle et teinté de lilas.

Puis, ainsi qu’une mer paisible qui déferle,
En silence, le long d’un rivage enchanté,
S’épanchait dans la nuit un grand flot de clarté
Qui baignait l’Orient d’une couleur de perle.

Alors, dans son mystère et sa grâce, émergeant
D’une brume laiteuse apparaissait la Lune
Avec ses yeux noyés et sa langueur de brune,
Et sur l’eau scintillait son éventail d’argent.

Soirs trop doux, où l’absence était sans amertume,
Où, dans ma solitude heureuse, j’aspirais
A l’avant du navire un souffle pur et frais,
En regardant les blocs de mer jaspés d’écume !