Page:Bouchor - Les Symboles, nouvelle série.djvu/154

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J’ai savouré ta joie et ta vierge innocence.
J’errais, heureux, parmi les sveltes cocotiers,
Et l’odeur du champac embaumait tes sentiers,
Ile toute suave en ta magnificence !

O fleurs de l’hibiscus, larges amaryllis,
Flamboyants tout fleuris de flammes écarlates,
Grappes d’or, thyrses blancs, clochettes délicates,
Fleurs sans nombre, moisson de jasmins et de lis !…

Les nobles bananiers ployaient sous leurs régimes ;
Les mangues mûrissaient… Et les bois pleins de fruits
M’ont bercé de leurs doux et mystérieux bruits ;
Mes songes vous peuplaient, solitudes sublime s.

Parmi les gracieux et flexibles palmiers
S’élançaient devant moi d’orgueilleuses fougères,
Beaux arbres couronnés de dentelles légères
Et dont le moindre souffle agite les cimiers.

Et j’ai vu se dresser des géants immobiles :
Leurs racines, au pied d’un tronc vertigineux,
Telles que des serpents formaient d’étranges nœuds
Ou rampaient sur le sol comme des crocodiles.