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Page:Bouchor - Les Symboles, nouvelle série.djvu/156

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Les arbres s’étoilaient de blanches lucioles,
Dans les grêles bambous sifflait le vent de mer…
L’amour noyait mon âme et n’avait rien d’amer ;
Sur mes lèvres erraient de confuses paroles.

Ah ! rien ne fixera mon cœur irrésolu,
Si j’oublie un seul jour ces divines soirées !
Rien ne rafraîchira mes lèvres altérées,
Si j’emporte avec moi ma soif de l’Absolu !

Ici j’ai célébré mes noces magnifiques ;
Le cœur de la Nature a battu sur mon cœur ;
Tous les êtres, formant un mélodieux chœur,
Ici nous ont liés par des chaînes magiques.

Et c’est pourquoi, chère île, à l’heure des adieux,
Je me tourne vers toi sans tristesse dans l’âme ;
Je te vois resplendir au couchant qui t’enflamme,
Et, telle, tu vivras à jamais dans mes yeux !

Je t’enveloppe encor de mes regards avides…
Je m’éloigne de toi sous les cieux embrasés
En te jetant l’adieu de mes derniers baisers,
Ceylan, fleur de lumière au cœur des flots splendides !