Page:Bouchor - Les Symboles, nouvelle série.djvu/16

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digne d’intérêt, mais non pas inspirée directement par l’Évangile ou par la théologie chrétienne. La personne de Jésus n’est ici qu’un symbole du Christ éternel, à jamais incarné dans le monde[1].

J’arrivais à ma troisième étape. Une réflexion continue, la lecture des philosophes, un voyage à travers les mathématiques, enfin l’étude même des religions, achevèrent de tuer en moi le métaphysicien. (Les morts ne demandent qu’à ressusciter.) Dans le premier volume des Symboles, écrit tout entier pendant cette période, les religions sont envisagées surtout au point de vue de leur réalité historique. Je m’efforce parfois d’en présenter une image exacte, mêlant les choses nobles à d’autres qui le sont moins, les profondes aux enfantines, et me passant, au besoin, de toute philosophie acceptable. Il est bien évident que, prises telles quelles, l’âpre religion de Moïse, celle des Romains ou des Celtes (Le peuple de Dieu, Rome, La Vie et la Mort) ne sauraient aucunement traduire les aspirations religieuses d’une âme moderne. Aussi les poèmes cités sont-ils en désaccord avec l’esprit, sinon avec la lettre, du Prologue qui est censé leur servir d’introduction. D’autres fois, laissant de côté tout ce qui est formalisme, barbarie, superstition, je dégage uniquement la pensée supérieure d’une croyance, par exemple dans le dialogue de Zoroastre et d’Ahriman ; mais une transcription de ce genre ne saurait être prise pour la rêverie personnelle d’une âme altérée de Dieu. Certaines pièces, conçues dans

  1. Cela n’empêche pas que tout ce qu’il y a d’humain dans ce poème pourrait bien n’être qu’un reflet de l’Évangile.