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Page:Bouchor - Les Symboles, nouvelle série.djvu/33

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Or je ne devais point descendre sous la terre
Sans avoir vu l’Enfant conçu dans le mystère,
Le salut d’Israël, Jésus, l’Oint du Seigneur.
Un jour, je me sentis pénétré de bonheur.
Guidé par l’Esprit saint, je courus vers le temple ;
Là, j’aperçus l’Enfant. Seigneur, je le contemple,
Dis-je en prenant Jésus dans mes vieux bras tremblants.
C’est bien, je puis mourir, paix à mes cheveux blancs,
Puisqu’avec une joie immense je salue
Cet Enfant qu’attendait, Seigneur, ta race élue ! »

Le vieillard, se taisant, resta comme ébloui.
Pour qu’il nous reconnût, nous allâmes vers lui ;
Nous prîmes ses deux mains, qu’en pleurant nous baisâmes ;
« C’est nous, père, c’est nous ! » et longtemps nos trois âmes
Se mêlèrent dans une étreinte …

                                               Brusquement
Parut un solitaire au grossier vêtement ;
Sa tunique sauvage était en poils de chèvres.
Dans sa barbe touffue on vit frémir ses lèvres,
Et lentement il dit : « C’est Jean que vous voyez,
Le dernier de tous ceux qui furent envoyés