La lune se leva, merveilleusement belle.
« Salut ! dit Abraham ; car c’est toi que j’appelle
« Mon maître vénéré. »
« Le juste vit bientôt la lune disparaître.
« Peuple ! s’écria-t-il, je n’aime pas un maître
« Qui m’abandonne ainsi. »
Et, comme le soleil surgissait dans sa gloire :
« Qu’il est grand ! dit l’apôtre, et comment ne pas croire,
« Seigneur ; que vous voici ? »
« Mais, lorsque le soleil n’éclaira plus la terre,
Abraham dit aux siens : « Je vois que tout s’altère,
« Mon peuple, et dure peu.
« Je n’invoquerai plus les astres au passage.
« On me verra tourner désormais mon visage
« Vers l’immuable Dieu. »
« Tout le peuple cria : « Tiens ! blasphème à ton aise. »
Et l’on jeta dans une aveuglante fournaise
Le prophète ébloui.
Mais, derrière un épais nuage, nous parlâmes ;
Nous bénîmes le juste et nous dîmes aux flammes :
« Soyez fraîches pour lui ! »
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