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Page:Bouchor - Les Symboles, première série.djvu/158

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ier.
L’illusion des sens t’enlace et te submerge.
La divine Mâya, féconde et toujours vierge,
Par sa magie enchante et torture le cœur.
C’est la danse effrénée, un vertigineux chœur,
Un tumulte, des cris, des parfums et des flammes…
Mais pense à la profonde identité des âmes ;
Sous cette multitude éparse, cherche Dieu ;
A travers la fumée entends rire le feu,
Pur, immuable, et tel qu’à l’aurore première ;
Sous les riches couleurs retrouve la lumière ;
Recompose en un corps unique et radieux
Les membres déchirés qui saignent sous tes yeux !

Quand tu te connaîtras comme âme universelle,
Le foyer dont tu n’es qu’une pâle étincelle
T’absorbera : ton cœur ne pourra plus changer.
Le « moi » plein de désirs, qui seul fut l’étranger,
Ne t’empêchera plus de descendre en ton être.
Tu seras affranchi de la douleur de naître,
Au-dessus de la vie et délivré du ciel.
Un repos ineffable, entier, perpétuel :
Plus même ce bonheur qu’avec fatigue on traîne,
Car une chaîne d’or est toujours une chaîne.

Contemple du même œil les morts et les vivants.
Un cœur pacifié, lampe à l’abri des vents,