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Page:Bouchor - Les Symboles, première série.djvu/161

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Le cheval plus rapide en ses galops sauvages
Que le vent déchaîné parmi de noirs nuages ;
Le rugueux éléphant, pareil au rocher brut,
Si beau lorsqu’il distille une sueur de rut ;
Les singes dans leurs bois pleins de miel et de baumes ;
Les démons de la nuit, les lutins, les fantômes ;

Les brahmanes sacrés comme les vils soudras ;
Les célestes danseurs, les sveltes Apsâras ;
Les sept langues d’Âgni ; le soleil qui s’élance
Sur la mer sans écueil des cieux pleins de silence ;
Indra même, et les dieux qui peuplent son palais :
Tous ces êtres ne sont que de lointains reflets
De Celui que ne peut atteindre nul blasphème,
L’universel Esprit existant par lui-même !

Brahma qui, dans sa veille ardente, à larges flots
Epanche incessamment des âmes sans repos
Et qui, par son sommeil, éteint les créatures ;
Civa, le maigre ascète affamé de tortures,
Qui pour seule guirlande a des crânes humains,
Lui qu’on n’apaise pas en se tordant les mains ;
Et moi qui sur la vie aux grâces éternelles
Repose, en souriant, mes songeuses prunelles
Semblables à la fleur dont le calice est bleu,
Nous sommes trois aspects sublimes d’un seul Dieu.