Page:Bouchor - Les Symboles, première série.djvu/19

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accru de leurs notions de justice et d’humanité. La puissance des dieux devint uniquement bienfaisante ; se dégageant de la nature, ils furent des personnes morales, dignes de toute vénération. On leur attribua la promulgation des saintes Lois que l’homme, peu à peu, découvrait dans sa conscience. Des châtiments et des récompenses, pendant cette vie ou après la mort, furent la sanction de ces Lois immuables. La morale religieuse, dans les poèmes sacrés de l’Inde brahmanique, dans les prophéties de la Bible, dans les drames d’un Eschyle ou les odes d’un Pindare, atteignit de sublimes hauteurs. Mais la religion devait se faire plus large et plus humaine encore. Elle ne se laissa plus contenir par les limites d’une nation ; et, comme on le vit par le triomphe du Bouddha dans l’Extrême Orient, du Christ dans notre monde occidental, elle devint pour ainsi dire universelle, appelant tous les hommes au salut. Dans les dernières religions la morale est presque tout ; l’extérieur du culte était, pour les primitives, la chose essentielle. Ce progrès ne s’est pas accompli sans fluctuations. L’on put voir, après la captivité de Babylone, le formalisme des scribes succéder à la foi inspirée des grands prophètes juifs. Mais l’œuvre des légistes ne fut point inefficace ; et l’esprit d’Isaïe et d’Ezéchiel devait reparaître, avec