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Page:Bouchor - Les Symboles, première série.djvu/249

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« Ici, dit Romulus en essuyant son front,
Hommes et chariots et bêtes entreront.
Mais que pas un n’enfreigne une loi rigoureuse !
Celui qui franchira le sillon que je creuse,
Et d’où va s’élancer bientôt le mur romain,
Fût-il mon propre frère, il mourra de ma main. »

Rémus devenu pâle et riant de colère
Regarde avec mépris le fossé circulaire.
Ils sont prêts à vomir des mots injurieux ;
Chacun des frères laisse éclater dans ses yeux
La haine qui le brûle et qu’en silence il couve.
Tels, se sont défiés les deux fils de la Louve.
Mais Rémus qui, ce soir, anéanti d’effroi,
Vaincu, brisé, râlant sous le genou du roi,
Baignera de son sang l’enceinte profanée,
Hésite encor devant sa noire destinée.
Tous les deux avec peine étouffent leur fureur.
Le travail recommence ; et le grand laboureur,
Que parfois dans sa marche un court repos soulage,
Entend grincer le soc et souffler l’attelage.