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Page:Bouchor - Les Symboles, première série.djvu/287

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VALA


                                                         Quand le loup
Viendra pour t’étrangler, ne compte pas beaucoup
Sur Frej qui par amour livra sa large épée ;
Je crois que ton attente, ami, serait trompée.
Heimdall, gardien des dieux, dont les dents sont en or,
Est plein de vigilance et sonne bien du cor ;
Il dort moins qu’un oiseau ; retenant son haleine,
Dans la nuit il entend pousser l’herbe, et la laine
Croître sur les moutons ; c’est un esprit subtil…
Mais, vienne l’heure affreuse, à quoi servira-t-il
De si bien démêler la plainte faible et douce
Que fait dans la prairie un brin d’herbe qui pousse ?
Sur la glace, une fois, je vis glisser Uller.
Ses patins sont plus vifs que les souffles de l’air ;
Il n’en fuira que mieux au jour de la bataille.
Tyr pourrait à bon droit être fier de sa taille ;
Hélas ! il est manchot.


ODIN


                                     Ne ris pas, femme. Un jour
Nous jouâmes au loup Fenris un méchant tour.
Il dansait parmi nous. « Je ne veux pas qu’il meure,
Dis-je aux dieux, car le sang souillerait ma demeure ;
Mais il sera captif dans ce lien d’acier. »
Puis, flattant le museau du monstre carnassier :