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Page:Bouchor - Les Symboles, première série.djvu/300

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sont ses propres attributs personnifiés, et qui deviennent autant’le dieux sous des formes visibles. »

La mythologie de l’Égypte me paraît assez simple. Le soleil en est le centre, on peut dire le dieu unique, sous des noms qui varient. Trois de ces noms, groupés ensemble, représentent les diverses phases de la vie solaire. L’astre est d’abord un dieu invisible qui crée sa forme et engendre son corps : puis il resplendit de toute sa gloire ; enfin il descend dans la région souterraine où, sous le nom d’Osiris, il juge les âmes. Ici encore, il est difficile de si cette succession de rôles divers correspond, chez l’Être absolu, à des hypostases bien définies. M. Maspéro dit : « Unique en substance, il n’est pas unique en personne… Il n’a pas besoin de sortir de lui-même pour devenir fécond ; il trouve en son propre sein la matière de son enfantement perpétuel… Il est à la fois le père, la mère et le fils de Dieu… Ces trois personnes sont Dieu en Dieu, et, loin de diviser l’unité de la nature divine, concourent toutes trois à son infinie perfection. » Soit ; mais y a-t-il un rapport entre cette trinité métaphysique et celle qui est relative aux phases du soleil ? S’il faut renoncer à se faire une idée nette de cette obscure théologie, au moins est-il constant que sous les diverses formes du soleil se cache une puissance inaccessible. Ces formes en elles-mêmes sont très concevables. Ptah est un dieu primordial ; le soleil levant « Ammon-Ra » jaillit de sa mystérieuse fornication. Il accomplit une œuvre de lumière analogue à celle des dieux aryens ; le serpent Apap, qu’il dompte chaque jour, est un symbole des ténèbres. D’ailleurs on attribue au monstre une puissance bien effective, car il est appelé : celui qui se nourrit des morts. Quant aux déesses, « elles personnifient, dit M. Pierret, la lumière du soleil ou l’espace dans lequel il prend naissance et dans lequel il se couche. » Aussi peuvent-elles être regardées comme « la mère du soleil » on comme ses filles ; et on dit qu’elles sont fécondées par lui. Delà l’inceste, si fréquent dans les mythologies. Les attributs du soleil sont doubles parce que l’Égypte est censée être le milieu de la terre, et que l’astre, en la traversant, divise le monde en deux régions égales. L’Égypte, qui pense toujours à son fleuve, attribue au soleil non pas un char, mais une barque. Les âmes heureuses y sont rangées autour de lui, à moins qu’elles ne halent le navire : et