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Page:Bouchor - Les Symboles, première série.djvu/78

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Je n’épargnai que vous. J’éteignais mon épée
Sitôt que je voyais une porte trempée
Du sang des purs agneaux immolés ce soir-là.
Gardez-en la mémoire, un jour, dans vos demeures !
Mangez l’agneau pascal en souvenir des heures
Où mon épée étincela.

On vous laissa partir dès que brilla l’aurore.
Votre pâte n’était point fermentée encore ;
Et brusquement le peuple emporta ses pétrins
Roulés dans des manteaux, et le sel, et la pâte.
Vous n’aviez point mangé ; mais vous partiez eh hâte,
D’après mes ordres souverains.

O maison d’Israël ! lorsque, après la conquête,
Tu pourras dignement célébrer cette fête,
Pendant sept jours, afin de te souvenir mieux,
Tu devras te servir de pâte non levée ;
Et ce sera pour toi, pour toi que j’ai sauvée,
Comme une marque entre tes yeux I

Je soutins au désert la foule exténuée.
Pour vous guider, le jour, j’étais dans la nuée
Dont la spirale épaisse allait jusqu’au ciel bleu ;
Et, quand le soir tombé faisait pâlir la nue,
Je marchais, rassurant la caravane émue,
Dans une colonne de feu.