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de la reliure

manière de les vêtir doit être elle-même avisée, ingénieuse, et se débarrasser une bonne fois des répliques. À ce prix seulement nous aurons une physionomie à nous, des allures personnelles, et nous mériterons autre renom que celui de résumé, d’epitome artistique, dont ceux du vingtième siècle ne manqueraient pas de nous appliquer l’ironie.

Pour mieux expliquer notre idée à ce sujet, nous avons joint à ce présent livre une série de reliures modernes, très habilement décorées, et qui sortent franchement des sentiers battus de la tradition. Toutes n’ont point une valeur égale ; la période de tâtonnements n’est pas encore épuisée. La flore ornementale tient peut-être une place trop considérable dans les plats ou les revers. Mais il ne faut point oublier que nous en sommes à la transition, et que l’audace ne s’acquiert qu’à la longue. Les livres ont une physionomie personnelle. Ils n’imitent ni les classiques ni les romantiques ; ils sont de leur temps. Le seul reproche à faire aux artistes serait d’appliquer leur procédé nouveau aux publications anciennes, et de multiplier les masques japonais. L’art de reliure a besoin de se rasseoir,