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de la reliure

de Gutenberg, on devra pour l’imprimer en plier le papier suivant un ordre certain, et, pour le vêtir extérieurement, enfermer les feuilles entre deux ais solides ; le seul progrès désirable consistera à varier la décoration de ces volets dessus ou dessous, comme nous changeons d’âge en âge le tissu de nos habits en conservant leur coupe dans ses éléments essentiels. Autant il nous semblerait aujourd’hui ridicule que nos tailleurs reprissent telles quelles les braguettes de Henri IV ou les vertugadins de la reine Margot, autant il est singulier d’accoutrer un volume contemporain de pastiches. Il est entendu que nous ne parlerons plus que des productions actuelles, bien de notre temps, et non des incunables qu’on est libre d’accommoder dans le sens décoratif employé lors de leur publication.

L’absence d’une formule graphique propre au dix-neuvième siècle a jeté les partisans d’une reliure moderne dans toutes les extravagances de l’imagination. Pas de roi ni de lois, c’est le droit pour quiconque d’agir à sa guise. En ces derniers temps, par haine un peu de ces redites forcenées dont la répétition tournait à l’obsession, on s’est lancé sur la contre-voie.