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de la reliure

Tout a paru bon qui servait à combattre l’ennui et la satiété ; pour bien peu on eût réputé chef-d’œuvre le plus médiocre travail, s’il se fût nettement affranchi des errements anciens et des démarquages. Suivant le travers habituel des révolutions, on se fût d’emblée extravagué sur des idées fausses, sans prendre autrement garde au large fossé qui se montrait au bout du sentier. La raison d’être de la reliure, c’est la présentation du texte, la facilité fournie au lecteur d’ouvrir son livre et de le pouvoir palper sans mécomptes ; la coquetterie qu’on lui impose ne doit jamais contrarier cet objet de son utilité pratique. Tourner au bibelot précieux, à la relique, est pour un ouvrage l’état pénible d’une provinciale engoncée dans une robe chère, et qui se tient raide pour éviter les plis ou les froissements.

En dépit de tout, la peau tannée, veau ou maroquin, cuir ou peau de truie, reste pour ces besognes l’idéal absolu. La matière en est résistante, de bonne durée, maniable, merveilleusement susceptible de décoration ; c’est l’essieu irremplaçable dont nous parlions tout à l’heure. Ni les velours, ni les soies, ni les brocards ne