Page:Bouchot - De la reliure, 1891.djvu/47

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La reliure étant un écrin par elle-même, si vous l’enfermez dans un coffret, c’est au jeu chinois des boîtes entrées les unes dans les autres que vous jouez. Il n’y a pas de raison pour ne pas décorer aussi le second préservatif, et nul motif à ne le pas enclore à son tour dans un troisième.

Et puis le livre du véritable amateur, de celui qui lit et ose toucher ses volumes, ne peut, en aucun cas, je le répète, tourner à la pièce d’orfèvrerie, la pétition de principes est évidente.

L’émail de Limoges, dont on fait grand cas pour l’instant, et qui jette sur un maroquin sombre une très jolie note de lumière, l’émail est le pire contresens qui se voie. Imaginez-le tel qu’il est, effroyablement quinteux de sa personne, fragile comme verre, rayé par un fétu, marqué d’une tache indélébile au moindre contact moite. Le fait seul de le glisser dans les soieries de son écrin lui cause d’inexprimables angoisses. Et quelle durée lui prédire, quand l’haleine chaude y peut imprimer un brouillard ? Admirable en sa jeunesse, il devient à l’âge mûr une sorte de multache ridée, tavelée, bonne à vendre au vieux cuivre. Tout ce