Page:Bouchot - De la reliure, 1891.djvu/81

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Restent les papiers dédaignés, conspués à cette heure, en haine de ces feuilles marbrées dont on habillait jadis bonnes ou médiocres histoires ; l’homme qui se respecte tomberait en malaise devant la garde en papier peigne d’un livre précieux. On relègue cette misère aux cartonniers, aux registres de factures, à la demi-reliure dite d’amateur, par ironie socratique. Sans doute le papier a fourni sa course, et ne reprendra pas de sitôt ; pour les travaux immédiatement contemporains, il est impossible à cause des manipulations chimiques auxquelles on le soumet. Mais s’il s’agit de vêtir à sa mode particulière un rare bouquin du dernier siècle, on aura à mettre le papier en concurrence avec les soieries dont nous parlions. Il faut savoir profiter d’une pratique barbare. Certains marchands arrachent les gardes aux vieux livres, non pas seulement les gardes courantes, hideusement marbrées, dont on faisait si grand cas autrefois, mais de singulières épaves venues d’Orient encore, pâtes bleutées semées de paillettes d’or, demi-cartons de Perse aux jolies nuances pourprées, chiffons de Chine teintés de crème, indéchirables et souples comme des batistes. Accollés