Page:Bouchot - De la reliure, 1891.djvu/84

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Une chose frappe dès l’abord, quand on s’inquiète de ces choses, c’est le manque absolu d’équilibre entre l’ouvrage moderne et son habit. Le livre participe au méli-mélo somptuaire de la société contemporaine ; si délicieusement costumée que se montre aux courses ou à l’Opéra une personne jolie et pimpante, il y a toujours lieu de l’entendre parler avant de formuler sur elle une opinion définitive. Chez nos collectionneurs d’à présent, courant un steeple-chase à qui prendra le pas sur ses concurrents, la superbe apparence extérieure d’un volume ne s’estime qu’au prorata de l’œuvre intérieure. Avec ses émaux, ses bronzes japonais, ses incrustations mirifiques, la reliure peut n’être que la dépense d’une bourgeoise riche, sans orthographe ; l’âne chargé de reliques n’a-t-il point été affabulé en l’honneur de nos bibliophiles ?

Il va de soi que toutes les productions littéraires d’à présent n’ont point la même valeur ; les unes, admirables en chacun de leurs termes, soignées, impeccables de fond et de forme, prêtent à toutes les folies prodigues de leurs amoureux. D’autres, encore très enviables, pèchent cependant par quelque endroit et ont