Page:Boudin - La Fameuse Comédienne, 1688, édition Bonnassies, 1870.djvu/31

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lière, et qu’il continua de voir Madame Guérin jusqu’à sa mort. — La Chasteauneuf ? On ne sait absolument sur elle que ce qu’en dit la Fameuse Comédienne ; relativement à son mari, l’on hésite entre deux ou trois individus. La rupture entre cette femme et Madame Molière était bien ancienne (1674) ; puis, quoique cette intrigante de bas étage « eust assez veu le monde pour en pouvoir parler », aurait-elle été capable d’écrire une page comme la visite de Chapelle, qui ne serait pas indigne de Molière lui-même ou de l’auteur de Manon Lescaut ? L’aurait-elle fait écrire par son mari, si ce portier est le même que A.-P.-P. de Chasteauneuf, ancien comédien de Monsieur le Prince, qui fit jouer, en 1663, la Feinte mort de Pancrace, à Maëstricht, et qui avait conservé des relations en Hollande ? En tout cas, la Chasteauneuf a pu fournir bien des renseignemens sur Madame Molière, qu’elle avait connue très intimement et avec qui elle était brouillée.

Doit-on accuser une collaboration ? Nous avons déjà répondu que, dans ce cas, le secret eût probablement transpiré. Or, du vivant même des Guérin, nul soupçon ne fut émis.

Qu’est-ce maintenant que cette Madame Boudin que signale Dreux au Radier ? Une « comédienne de campagne » n’aurait pas écrit ce livre qui dénote une longue fréquentation des personnages et une étude faite sur place. D’un autre côté, si Madame Boudin eût séjourné si longtems à Paris, elle n’aurait pu figurer, jusqu’en 1673, qu’au Marais, à l’Hôtel de Bourgogne ou au Palais-Royal, les trois seuls théâtres qui existassent alors ; de 1673 à 1680, qu’à l’Hôtel de Bourgogne ou à Guénégaud ; et, à partir de 1680, qu’à la Comédie-Françoise, rue Mazarine. Or, nul registre, nul écrivain n’en fait mention, et l’on citait, à cette époque, les moindres comédiens, voire les gagistes qui tenaient parfois des rôles minimes.