Page:Boudin - La Fameuse Comédienne, 1688, édition Bonnassies, 1870.djvu/63

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peu de jours après, qu’on souhaitte souvent des choses désavantageuses, et les suittes de cette mort l’obligerent à regretter Moliere de bonne foy. Aussytost qu’il fust expiré, La Thorilliere, la Beauval et Baron, voyant qu’ils avoient perdeu leur meilleur appuy, quittèrent le Palais-Royal pour aller à l'Hostel de Bourgogne, et la Moliere fut contrainte, pour restablir sa troupe, d’y faire entrer, faute de meilleurs Acteurs, Guerin, qui est maintenant son mary, et la Guyot, dont les interests estoient communs alors de toute maniere. Pour comble de malheur, Lully, qui se servit de cette occasion pour demander au Roy la salle du Palais-Royal, qu’il obtint pour son Opéra, la réduisit, elle et sa troupe, à prendre l'Hostel de Guénégaud où présentement les deux troupes sont reunies.

D’abord qu’elle fut au fauxbourg Saint-Germain, Du Boulay en devint amoureux : il est homme assez du monde et sçavoit à peu près l’air du bureau. Il commença donc à offrir à nostre veuve ce qu’il creut le pouvoir rendre agréable. Ses offres furent si considérables que la Moliere, charmée, en fut faire confidence à la Chasteauneuf, pour sçavoir quelle conduite elle devoit tenir pour l’engager à augmenter la somme. Mais la Chasteauneuf, qui jugea de l’amour de Du Boulay par sa libéralité, luy dit qu’il falloir bien se garder de luy rien permettre ; qu’il paroissoit assez amoureux pour es-