Page:Boufflers - Journal inédit du second séjour au Sénégal 1786-1787.djvu/187

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Ce 27. — Nous sommes à la voile, mais la hauteur excessive des terres entre lesquelles nous passons, entre autres d’un volcan appelé l’Île de feu, mais qui dans ce moment est du feu sous la cendre, cette hauteur, dis-je, est un fâcheux abri qui nous intercepte le vent et nous empêche d’avancer ; nous comptons à vue de pays que cela finira demain et la saison nous promet du bon vent, et mon cœur promet que je te verrai, que je te baiserai et que nos beaux jours renaîtront pour de longues années.


Ce 28. — Nous allons, mais si doucement, qu’il me faudrait des années pour arriver à toi. Toutes les îles continuent à nous arrêter en leur présence et nous ne marchons qu’à la faveur d’une certaine fraîcheur, qui s’élève ordinairement autour des terres et qui est comme leur respiration. Cependant nous sommes sûrs que sans elle nous irions très vite, car il y a des intervalles par lesquels nous recevons de temps à autres des coups de vent à coucher notre petit esquif sur l’eau ; mais nous serons bientôt au bout de ces contradictions-là et si le vent continue demain nous en profiterons mieux. Ton portrait est par malheur dans une grande caisse à fond de cale, sans cela je le montrerais aux divinités de l’air et de la mer pour les fléchir. Adieu.


Ce 29. — Nous marchons, mais les vents sont moins bons et moins forts et la mer est si grosse et le vaisseau si petit que je ne puis t’écrire que deux mots. Encore ne pourras-tu pas les lire. N’importe, tu les supposeras et tu rêveras le reste.


Ce 30. — Le vent est un peu meilleur et nous