Page:Boufflers - Journal inédit du second séjour au Sénégal 1786-1787.djvu/54

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cela, il faut embrasser sa femme bien vite et bien fort, et songer à ses affaires, sans quoi tout le monde serait mécontent et tous les meubles seraient cassés. Adieu.


Ce 19 à Wanombar. — Oh ! que j’ai eu de peine à me mettre en marche ; mais enfin j’y suis, à dix lieues du Sénégal, et je crois que le retour se passera au moins aussi bien que le voyage, parce que tous mes compagnons, tant hommes que bêtes, sont plus habitués au train des choses et à la fatigue de la route. Je suis un peu las, je vais me coucher, et, si tu veux venir, tu me trouveras dans mon lit jusqu’à trois heures du matin.


Ce 20. — Tout va très bien, si l’on peut appeler bien aller d’aller au pas, ou dans la mer jusqu’aux genoux, ou dans le sable jusqu’au col. Mais on s’en tire, je m’en suis déjà tiré et je m’en tirerai encore. À propos, je t’attendais la nuit dernière. Je veux, à mon retour, te montrer que je suis un peu plus exact que toi aux rendez-vous.


Ce 21. — Il fait un froid de chien et nous ne trouvons pas de bois pour nous chauffer. On ne croirait pas que ce fût là une plainte datée d’Afrique. Cependant, jusqu’à présent, j’ai plus souffert du froid que du chaud. La preuve en est que j’ai tous les jours regretté ton feu et toutes les nuits ton lit bleu.


Ce 22. — Il ne tiendrait qu’à moi de me croire un grand personnage, car toute l’Afrique est informée que je retourne à mon presbytère de Gorée, et je reçois des messages et des présents tout du long