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JEAN-PAUL MARAT

presse, et à la faire passer à toutes les municipalités de leur arrondissement. »


Analysons. Cette circulaire roule sur quatre points principaux : justification de la permanence de la commune, justification des exécutions, invitation à suivre l’exemple de Paris, et nécessité de se lever sur tous les points de la France pour marchera l’ennemi.

On sait que la commune s’était improvisée le 9 août, au moment de l’attaque ; que l’élection des membres n’avait pas été plus régulière qu’elle ne peut l’être en de telles circonstances ; que l’audace des candidats avait décidé du choix ; qu’enfin dès le 10, à trois heures de l’après-midi, elle avait atteint son premier but, elle avait défait la royauté ; et cette victoire, Paris la devait à l’unité de l’attaque, unité résultant de la confiance bien ou mal fondée que chaque colonne d’assaillants obéissait à un ordre émané d’un point central ; cette victoire, Paris la devait encore à la perturbation que vint apporter dans les rangs ennemis et surtout dans leurs chefs l’idée que les Parisiens se levaient comme un seul homme dont la commune était la tète. Donc, comme influence morale, l’organisation illégale de la commune avait été nécessaire, et l’Assemblée et la France entière, j’entends la France patriote, lui devaient une éternelle reconnaissance. Mais qu’arrive-t-il ? Le danger n’est pas plutôt passé que la Législative, si hésitante pendant l’action, si suspecte à force de faiblesse, de connivence royaliste, si tardive à se prononcer, l’Assemblée, dis-je, sent qu’une puissance vient de s’introniser auprès d’elle, que tout le peuple de Paris tourne avec ardeur ses regards enflammés vers cette jeune et courageuse rivale, qu’à chaque séance le législateur perd de sa considération publique, que comme assemblée elle est menacée enfin de se dissoudre dans l’abandon et le mépris. À ce penser, la jalousie lui rend quelque vigueur ; alors « au nom de la légalité, au nom de la liberté, tout danger étant passé, » la Légis-