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LES RACES

Les révélations de l’indice nasal nous assuraient, heureusement, d’amples compensations. Non seulement elles nous permettent de distinguer radicalement Dravidiens et Aryens, en nous prouvant que les premiers ont le nez aussi large que les nègres, et les seconds le nez aussi fin que les Parisiens, mais encore elles marquent, d’une manière inattendue, les degrés de la hiérarchie hindoue. M. Risley ne nous affirme-t-il pas que la supériorité sociale est, dans la société hindoue, proportionnelle à la finesse du nez ? Il le prouve de deux façons.

Les petites sociétés qui composent la société hindoue sont pour la plupart exogamiques en même temps qu’endogamiques ; c’est-à-dire qu’elles interdisent à leurs membres de prendre femme à l’intérieur de certains cercles définis. Mais elles définissent ces cercles de différentes façons. L’homme reconnaît la femme qu’il ne doit pas épouser tantôt au fait qu’elle porte le même totem que lui, tantôt au fait qu’elle habite le même lieu, tantôt au fait qu’elle descend, ou est censée descendre du même ancêtre : l’exogamie peut être « totémique », « territoriale », ou « éponymique ». Or, il est constant que ces différents modes d’exogamie ne correspondent pas au même niveau moral. Les uns sont, si l’on peut dire, plus distingués que les autres : l’exogamie manifeste un état de civilisation inférieur, l’éponymique un état supérieur. Qu’on mensure maintenant des sujets appartenant à ces diverses sociétés ; c’est parmi ceux qui pratiquent l’exogamie éponymique qu’on rencontrera le moins grand nombre de platyrhiniens, comme le plus grand nombre parmi ceux qui pratiquent l’exogamie totémique. Ce qui prouve déjà que la finesse du nez est un indice de supériorité.

Mais on peut faire une expérience plus décisive. Prenons, au hasard, dans la province du Bihar, un certain nombre de sujets, et classons-les d’après leurs valeurs sociales traditionnelles. Au-dessus des Kols, des Korwas,