classique : les êtres luttent pour l’existence. Pour peu que l’être soit complexe, diverses tendances luttent en lui-même. Et, suivant que l’une ou l’autre prédomine, l’être ne persévère pas tout uniment dans son être, il y persévère sur un certain plan, d’une certaine manière[1]. Devient-il conscient, c’est de plus en plus « la manière » qui lui importe. Il compare ses diverses tendances, il établit une échelle des valeurs, il détermine des raisons de vivre[2]. Il ne combat plus seulement pour la vie brute et nue, mais pour tout ce qui fait, comme il dit, le prix de la vie, et sans quoi elle ne vaudrait pas la peine d’être vécue.
Or on sait que l’effet ordinaire du progrès de la civilisation est d’élever ce standard of life, de grossir ce « minimum décent » sans lequel les hommes sont portés à considérer la vie comme intenable. Au fur et à mesure que les moyens d’action se multiplient autour d’eux, ils réclament des satisfactions multipliées pour les besoins, non plus seulement de leur corps, mais de leur esprit. Leur organisme raffiné complique ses exigences ; et elles se présentent bientôt à leurs consciences comme les expressions d’autant de nécessités vitales.
Mais que des raisons sociales, bien plutôt que des raisons organiques, expliquent cette incessante rénovation des besoins, c’est ce qui n’est plus à démontrer. On remarque que si les hommes recherchent avidement les nouveaux moyens de jouissance, cela tient sans doute, non seulement à leur tendance à s’imiter, mais à leur désir de se surpasser les uns les autres, à l’ambition de tenir leur rang ou de gagner des rangs, de marquer ou d’effacer les distances. Les parures des