préconçue, il faut s’incliner devant les faits. Or, il semble bien qu’un certain nombre d’expériences contrecarrent celles des néo-darwiniens. Si Naegeli a vu, dans le jardin de Munich, les plantes de montagnes reprendre leurs caractères de plantes de plaines, Detmer a vu, à Ceylan, le cerisier de nos pays se transformer en un arbre à feuilles persistantes. Les blés d’Allemagne ont pris en Suède une durée de végétation plus courte et des graines plus pesantes. En contraignant des plantules en germination à se développer sous la terre accumulée, on arrive, chez les espèces les plus variées, à métamorphoser complètement les tissus[1].
Dira-t-on que chez les végétaux, les organismes étant moins différenciés, le plasma germinatif étant moins distinct du plasma constitutif, la transmission des qualités acquises se laisse plus aisément comprendre ? Mais chez les animaux des cas analogues se présentent qui restent inexplicables par la seule sélection. Le sillon dorsal des céphalopodes de Hyatt résulte d’une pression que leur coquille, originairement enroulée, exerçait sur elle-même. La forme de la coquille s’est modifiée, la pression ne s’exerce plus ; et pourtant le sillon dorsal subsiste. Au surplus, les fameuses expériences de Brown-Séquard conservent leur valeur. Une lésion provoquée du nerf cervical de certains cochons d’Inde a fait apparaître, chez leurs descendants, divers états morbides de la peau. Weismann assignait vainement à ces affections une origine microbienne ; on a recommencé les expériences sans endommager les tissus externes des sujets, et de façon à exclure définitivement cette hypothèse hasardée[2]. D’ailleurs, dans les mains de Weismann lui-même, le papillon Phlæas allemand, qui a d’ordinaire les ailes rouges, n’a-t-il pas donné naissance, sous l’influence de températures élevées, à une