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Page:Bouglé - La Démocratie devant la science, 1904.djvu/78

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CHAPITRE II

NOBLESSE, MÉTISSAGE ET DÉGÉNERESCENCE

Vous avez démontré, nous accordera-t-on, qu’il est invraisemblable que les qualités acquises et spéciales se transmettent du père au fils. Mais vous n’avez pas démontré la même chose des qualités innées et générales. Vous avez nié que les fils de naturalistes, de capitaines, de peintres dussent posséder, en vertu même des habitudes contractées par leurs pères, des aptitudes spéciales, les uns pour la peinture, les autres pour l’art militaire, les autres pour la science naturelle. Mais vous admettrez bien qu’une intelligence large, une volonté ferme, une sensibilité fine, innées chez les parents, ont des chances de réapparaître chez les descendants. Vous accorderez d’autre part que ces capacités générales, si elles ne prédestinent pas ceux qui les possèdent à tel métier déterminé, les rendent cependant plus aptes que d’autres à remplir les fonctions sociales dominantes, directrices, supérieures. Dès lors, quoi de plus raisonnable — c’est-à-dire de plus conforme aux lois de la nature — que de réserver, à ces lignées de première qualité, les situations de première importance ? que d’organiser la société de façon que « les meilleurs » puissent garder leur rang et sauver leur sang ? Abandonnons s’il le faut les cloisons multiples qui spécialisaient ces familles, mais maintenons du moins la grande barrière qui préserve les races supérieures du contact des races inférieures. — Ainsi se