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Page:Bouglé - Qu’est-ce que la sociologie ?, 1921.djvu/117

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L’HISTOIRE ET LA SCIENCE SOCIALE

naissantes succède le fléau des vexations pro-consulaires ou d’une fiscalité oppressive ; le patriotisme et l’esprit guerrier s’émeuvent ; la main du chef n’est plus capable de réprimer les hostilités du dehors et les révoltes du dedans ; de grandes masses se détachent pour se fractionner à leur tour, jusqu’à ce que la division soit poussée à son dernier terme et qu’un autre travail de recomposition recommence[1]. »

Quel que soit le degré d’exactitude des généralités que Cournot donne ainsi en exemple, ce qui nous importe c’est la nature des explications qu’elles proposent. Il est visible qu’elles tendent à expliquer les faits sans noms propres à l’appui, abstraction faite de la variété des décors, et en tenant compte seulement de certains processus psychologiques qui, pour peu que les circonstances s’y prêtent, se reproduiront toujours et partout les mêmes. Or ne pourrait-on multiplier et en même temps préciser les explications de ce genre si l’on portait l’attention non plus seulement sur les tendances les plus générales de l’âme humaine, mais sur les déviations spécifiques de ces tendances lorsqu’elles sont mises en présence des diverses espèces d’institutions ? si, en d’autres termes, on cherchait à établir comment varient les états d’esprit des individus en fonction des formes sociales ? Le difficile serait seulement de trouver en ces matières fuyantes les abstractions fécondes, les « biais » qui permettraient d’apercevoir, au travers de la multiplicité des événements, un certain nombre de relations constantes et intelligibles.

Cournot a montré qu’il comprenait le prix de ces no-

  1. Traité. II, 335.