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Page:Bouglé - Qu’est-ce que la sociologie ?, 1921.djvu/146

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QU’EST CE QUE LA SOCIOLOGIE ?

que traverse la division du travail, des régimes auxquels elle est soumise, des modes suivant lesquels elle s’opère, des matières auxquelles elle s’applique. Ainsi seulement on embrasse sans les confondre les différents aspects du phénomène, et on peut en élaborer une théorie vraiment sociologique.


II. — LES CONSÉQUENCES DE LA DIVISION DU TRAVAIL

Il est encore plus important, si l’on veut non plus seulement classer méthodiquement les formes, mais juger impartialement les conséquences de la division du travail, de distinguer avec netteté les différents points de vue d’où on peut l’envisager. C’est la multiplicité de ces points de vue qui explique comment l’opinion a oscillé et oscille encore, en pareille matière, de l’optimisme au pessimisme.


D’une façon générale, l’ancienne économie politique, qui voit le monde à travers les idées et pour ainsi dire avec les yeux de la grande industrie naissante, célèbre les bienfaits de la division du travail. Pour en juger, elle se place surtout à un point de vue « réel » et « quantitatif ». Elle calcule la quantité et le prix des choses jetées sur le marché. Elle loue donc la spécialisation de fournir plus pour moins —, plus de produits à moins de frais. Marx en fait justement l’observation : les apologistes de la division du travail, dans l’antiquité, la félicitaient surtout de ce qu’elle raffinait la qualité des choses en utilisant pour le mieux les aptitudes des hommes, de ce qu’elle perfectionnait, en somme, à la fois le produit et le producteur. Si, à l’oc-