encore qu’un Père de l’Église : le génie du fils reproduit en les embellissant tous les traits du génie de la mère. « Si parfois les facultés supérieures de l’individu agissent puissamment sur la société, il arrive plus souvent que la société réagisse sur l’individu en tirant de ses facultés tout ce qu’elles peuvent donner[1]. »
Ce n’est donc pas assez de constater que la société rend possible le développement de ces facultés ; on peut soutenir que jusqu’à un certain point elle le rend nécessaire, et que les situations, à force de les exiger, suscitent les inventions. « En tout genre le besoin plus grand qu’on a actuellement d’un grand homme favorise, sinon la production du germe avec ses qualités natives, du moins son développement, et par conséquent le phénomène historique de l’apparition d’un grand homme. » La naissance d’un génie hâte sans doute l’avènement d’une idée. Il cueille les fruits un peu avant qu’ils soient mûrs ; mais vienne leur point de maturité, ne se serait-il pas trouvé toujours quelqu’un pour les cueillir ? Il est donc légitime d’essayer de distinguer, de ce qui revient aux caprices du génie, ce qui appartient à la force des choses.
Le tempérament d’un Luther est sans aucun doute pour quelque chose dans l’allure caractéristique de la révolte protestante : il est pourtant vraisemblable que sans lui le besoin se serait fait sentir, et aurait trouvé moyen de se satisfaire, d’un retour à un christianisme plus rapproché de la Bible et plus détaché de la puissance ecclésiastique[2]. L’autorité intelligente et ferme d’un