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solidarisme et libéralisme

contraignante, il faut d’abord qu’elle soit évidente.

Or la morale solidariste paraissait justement préoccupée de s’assurer ces caractères.

Un esprit « essentiellement laïque » l’anime, et on la verra s’efforcer de distinguer aussi nettement que possible entre l’antique charité chrétienne, qui n’aime que les fidèles et ne les aime qu’en Dieu, et la solidarité véritable, qui unit directement tous les membres de la société par des chaînes que relève et soupèse la science même. Cette même morale s’efforcera aussi de se dégager de toute déviation ou compromission métaphysiques : dédaigneuse des « systèmes a priori », des « concepts sans réalité » elle prétendra laisser parler les faits et utiliser, pour la solution des problèmes sociaux, les plus récentes conquêtes des sciences positives.

Et, en effet, si la dépendance où les hommes sont tenus vis-à-vis les uns des autres a été de tout temps sentie, il faut reconnaître que le développement moderne des sciences offre de quoi confirmer et enrichir singulièrement ce sentiment spontané. La biologie nous a montré que les vivants sont eux-mêmes des sociétés, et que leur vie ne subsiste que par le consensus, la corréla-