les hommes, mais ils en jouissent très inégalement. Ils peuvent en tirer d’autant plus de profit, en somme, qu’ils possèdent des moyens d’action plus puissants et plus variés, qu’ils disposent d’un capital plus considérable, en un mot, qu’ils sont plus riches. N’est-il pas juste, dès lors, qu’on fasse payer à ceux qui utilisent l’outillage commun une sorte de location, dont le taux croîtrait comme croît leur jouissance même ? Ainsi se justifierait déjà un système d’impôts proportionnels et progressifs.
Mais ce n’est pas tout. Il y a des cas où la richesse des particuliers s’enfle comme d’elle-même, et sans que leur effort personnel en soit aucunement responsable. Dans les villes, par exemple, la valeur de certaines propriétés s’accroît sans la moindre participation du propriétaire. C’est le mouvement de la population, ce sont les complications de la civilisation générale qui fécondent ainsi la richesse privée. Sa plus-value est incontestablement d’origine sociale. Ne serait-il pas juste que ces accroissements de richesse, qui sont le fait de la collectivité entière, revinssent à la collectivité entière ? Et ne devrait-elle pas s’organiser de façon à faire profiter tout le monde de tout ce qui n’est l’œuvre de personne en particulier ?
De telles appropriations collectives