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Page:Bouhélier - L’Hiver en méditation, 1896.djvu/134

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c’est que, là comme partout ailleurs, des gens trafiquent, travaillent la terre, bâtissent des huttes aux grands murs lisses sur lesquels s’incruste et flambe la chaux claire. Ici on laboure et on chante, on pétrit d’étroites petites roches, on fait cuire des pâtes farineuses.

Sur le bord des routes, où roulent par torrents des trombes de soleil, la foule court, lente,, se rassemblant. — Une infinité d’étalages, d’échoppes. — On vend de miroitantes poteries, des étoffes gaies, des cuirs peinturlurés à vif. Des enseignes de bois se tordent dans du vent. La force fauve des lions s’y étale.

Là, des gens taillent des planches de pins, modèlent dans le sable et la pierre l’intacte harmonie des urnes rondes, ils lés décorent d’ardentes couleurs prises aux coquelicots des prairies. Tumulte aux basses-cours, les poules saoules de grains ! Le soir, quand se lève la pleine lune, l’azur purifié scintille ^ur le bourg, on entend derrière les maisons tinter le grêle pipeau des pâtres.

La brise souffle et sonne, disperse ces blancheurs, semble un instant les soupeser, les berce.

En face de ce candide repos, d’une telle paix champêtre et aisée, que pouvait penser ce jeune artisan ? — Le problème réel qu’il se proposait, je ne suppose pas qu’il eut trait aux anges, à la rotation des planètes. Calciné d’une sombre ambition sentimentale, il pensait plus à soi qu’à Dieu. Les radieuses émotions dont il se crut paré, lui était-il loisible de les tenir secrètes ? Serait-ce plus efficace, pour les hommes, les .villages, lui-même, de trancher des charpentes de bois, ou de