D’un Hamlet ou d’ua Titus, le destin ne nous impressionne que dans l’instant où ils périssent, s’embrasent d’amour, convoitent des mondes, des horizons. Alors disparaît leur individu. Magnifiques et impersonnels, ils deviennent semblables à nous-mêmes.
Ah 1 qu’importent le lieu et l’acteur ! L’irréductible et le sublime d’un homme c’est l’émotion dont le dote le destin, non ce qui est son héritage original. L’ambition de Macbeth, voilà sa qualité, sa vertu pathétique. Hamlet, Macbeth, Schylock, comme ses tragédies sont peu harmonieuses, touffues, faites de sang et de nuit ! : Faut-il tant de crimes pour nous émouvoir ? La forêt des Ardennes, la tempête, les confuses rumeurs, les passions fortes tout ampoulées de la plus ténébreuse horreur, des pris, des tritons, des sorcières, le burlesque et l’héroïque, un mélange singulier de joie et d’épouvante ; nulle grâce ou si artificielle ! aucuue candeur tombée des anges, le faux, l’amphigourique, le tendre "et le pompeux, la plus bestiale humanité, voilà quels éléments constituent les. drames de Shakespeare, génie extrême d’une étrange barbarie.
Oui les caps, les châteaux, les usines et la métairie, les plages, les ponts, les docks, Dodone ou Elseneur, peu importent le lieu et le temps si la psychologie se se limite auxjiéros, si le blé et l’étoile lointaine n’in-, terviennent pas pathétiquement, afin de les guider ici, de peur qu’ils ne. s’égarent à un carrefour mauvais, si leurs actions ne corroborent celle de la tribu et de. l’ombre, si le monde enfin, demeure impassible !
Dans Shakespeare, il faut bien le dire, nulle collabo-, ration de la Nature réelle. — Quand l’antique prophète