Page:Bouhélier - L’Hiver en méditation, 1896.djvu/181

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d’orageuses nuées. Il semble que l’horreur de la mer accable, épouvante, courbe les pierres, les dunes, les villages, les arbres. — De froides vagues se cabrent, éclatent sur les sables.

Ainsi frissonne la blanche maison, non loin de la mer remueuse, et elle se tasse, accroupie, comme par peur. Elle est conforme aux horizons. Elle est basse à cause des tempêtes. Le tumulte impétueux des grêles, des vents, du ciel, nécessite la sonore puissance du toit concave. De fortes roses tremières pavoisent les fenêtres. Par les nuits de lune, la prairie ondule, gémissante. On dirait que les choses s’effraient car elles s’agitent bleuies et attentives. La mer ronge les plages, les falaises, elle les tresse d’écumes pétrifiées, elle laisse d’éclatantes couronnes d’algues.

Comme une barque taillée, ses sculpte, est bâtie, peinte d’après les vagues, les lois d’eurythmie et de pesanteur, de même la maison maritime reçoit l’aspect que déterminent les eaux. — Or, qui l’habite y ressemble.

Cet homme, si fruste, en vérité, et si naturellement sublime, il ne me plaît pas de l’entendre. Il m’entretiendrait de ceci, encore, ou bien de cela, il me raconterait la fête villageoise, telle idylle, tel deuil, mille futilités. — Pourtant il n’ignore point les cadences éternelles. Il demeure merveilleux à l’égal de la mer. Je le sais plus sage et plus clairvoyant sur l’harmonieuse douceur des choses que le plus exquis des mystiques. Il parle aux fleurs, à sa barque et aux flots. A vivre au milieu des larges étendues, il a pris conscience de son harmonie. Parce qu’il a construit sa maison d’après les polarisations