Page:Bouhélier - L’Hiver en méditation, 1896.djvu/91

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nous expose cette circonstance si affreuse ! Cela seul nous apitoie. On frissonne par prévision. L’hypocondrie anticipe. Hélas ! nous écrions-nous, personne n’échappera à la mort. Cette noire et atroce pourriture, voilà l’aspect que nous prendrons, un jour ou l’autre, ici et là ! — Une foule d’émois nous traînent dehors. Autour de nous chante notre amour. Il est impossible de s’y opposer, et sa mobilité m’étonne. Les craintes, les tendresses, les espoirs, tout transporte l’homme loin de soi-même. Ilneparaîtpointqû*il soitnépourla stagnation d’un unique destin, mais ses vertus sont infinies et il palpite partout, parmi le bourg, le mont. Notre ingénuité est plausible. Pourquoi se plaindre à l’avance d’une calamité effrayante dont l’infortune nous laissera sans rancœurs, et qui peut vraiment ne point nous atteindre. Nos désirs se jouent de nos prophéties. Leurs subterfuges forment nos délices et nos terreurs. Ils simulent nos plus pures actions. A se remémorer des catastrophes anciennes on éprouve combien demeurent légitimes celles que nous pouvons pressentir.

Le monde ne maintient pas notre héroïsme. Dû plus suave au moins magnifique, nul n’est à l’abri de la mort. Cette extrême conjoncture, chacun la sait probable. Il nous est certainement loisible de nous croire préservés des grêles, de la foudre, et des mauvaises guerres, mais quelle que soit notre unmanente magnificence, personne ne subjuguera la mort et nul n’est susceptible de s’y soustraire. Pour les aventures de notre existence, sur nos victoires et nos défaites, on ne peut rien conjecturer. Cependant nous avons connu quel cérémonial funéraire viendra clôturer nos parades