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Page:Bouhélier - L’Hiver en méditation, 1896.djvu/94

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Car nous méprisons les individus. Chacun n’espère que l’amour. Peu importe le lieu où il apparaît. Sa présence en toi te rend délicieuse, mais que signifiestu par ton âme, tes sanglots ? — Oui, rien ne nous impressionnera, sinon ce qui touche à notre être. On ne se soucie point d’Eglé ni de Lucinde, quand leur beauté suave ne nous transporte pas dans les blancs pays de l’Amour.

Ainsi ne nous désolons plus sur le convoi de ces personnes desquelles les mérites furent fades et fragiles. Leur grâce, à peine, régénéra la nôtre. Elles devinrent ce que nous voulûmes, car nous leur avons attribué des mansuétudes, des parades et des charmes dont aucune sans doute n’eut été capable. Malgré de pompeuses séductions quelle enfant ne les remplacerait ? Epargnons donc nos larmes, Clarisse, lorsqu’en présence de leur tombeau nous ne déplorons que nous-mêmes. Allons-nous en. N’y pensons plus ! car c’est sur la mort des grands hommes qu’il convient seulement de se lamenter.

Sur Le Tombeau De Paul Verlaine.

Jamais comme ce matin mortel, je n’ai conçu si violemment la véracité de ces sentiments. Ces morts de qui chaque jour nous saluons le cercueil, bien qu’ils fussent peut-être extrêmes de vertus, chacun les pense très inutiles. Cependant, un grand homme, voilà l’irremplaçable !

Cette matinée si acariâtre, d’une mélancolie exté