Page:Bouilhet - Œuvres, 1880.djvu/120

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La Dernière Chanson


 

J’ai voulu, le premier jour,
Vendre mes chansons d’amour ;
J’étais bien novice !
Ô mes dignes manuscrits,
L’épicier qui vous a pris
M’a rendu service.

Le second, j’ai, sur le quai,
Vendu mon couvert marqué,
Vieux meuble d’histoire,
Où mon aïeule, en mordant,
Cassa sa dernière dent,
Sous le Directoire.

Le troisième, Dieu merci,
J’ai vendu ma montre aussi,
Ma montre perfide,
Qui s’amusait à sonner
L’heure exacte du dîner
Sur mon ventre vide.