Page:Bouilhet - Œuvres, 1880.djvu/128

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Triste et pâle, sur le soir,
Prêt pour la dernière épreuve,
Loin du monde, il vint s’asseoir
Et chanter au bord du fleuve.

Il chanta les longs tourments
De l’amour et de la gloire,
Et son hymne, par moments,
Faisait tressaillir l’eau noire.

Soudain, par l’ordre d’un Dieu,
Les étoiles attendries
S’arrêtèrent, au milieu
De leurs blanches théories..,

Puis il les vit sans effort
Glissant des voûtes profondes,
Comme de grands sequins d’or,
Trembler, dans l’eau, toutes rondes.

Il y plonge, il veut savoir…
Ô prodige !… il en prend une,
Puis deux, puis quatre… et bonsoir
Les soucis de l’infortune !

Il revient tout radieux
Vers les villes où nous sommes ;
Avec le billon des dieux
On peut bien solder les hommes,