II
Et l’homme, sur son front posant le diadème,
Disait : — Béni soit Dieu dont la bonté suprême
Mit tant de force en moi !
Mon génie à toute heure allonge mes domaines ;
Sur tous les océans et par toutes les plaines,
Je suis, je suis le roi !
Les saisons, dépouillant les campagnes vermeilles,
Pour ma soif et ma faim répandent leurs corbeilles
Sous mes plafonds sculptés.
Pour moi fermente l’or aux veines de la mine,
Pour moi le flot salé polit la perle fine
Dans les immensités.
À chacun des désirs dont mon âme tressaille,
Esclave obéissant tout un monde travaille
Et ne s’arrête pas.
Et comme des lions qu’a muselés le maître,
Les éléments soumis, en me voyant paraître,
Bondissent sur mes pas.
Les fleuves murmurants font tourner mes machines,
Le feu grince et se tord dans mes noires usines,
L’air se plie à ma loi.