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FESTONS ET ASTRAGALES.

La déesse des nuits dont la tête s’incline,
Argenta d’un baiser les lèvres du pasteur.
Vierge ! il est temps d’aimer quand on est jeune et belle ;
Ne sens-tu rien bondir dans ta poitrine en feu ?…
— Berger, dit Néera, mon cœur n’est pas rebelle,
Et j’attends, pour faiblir, qu’il me descende un Dieu ! »




Printemps.


Lève-toi ! lève-toi ! le printemps vient de naître.
Là-bas, sur les vallons, flotte un réseau vermeil.
Tout frissonne au jardin, tout chante, et ta fenêtre,
Comme un regard joyeux, est pleine de soleil.

Les larges espaliers, couverts de boutons roses,
De leur haleine douce embaument le ciel pur.
Seule, la vigne est nue, et, près des fleurs écloses,
Comme un serpent transi rampe au long du vieux mur.

Du côté des lilas aux touffes violettes,
Mouches et papillons bruïssent à la fois ;
Et le muguet sauvage, ébranlant ses clochettes,
A réveillé l’amour endormi dans les bois.