Page:Bouilhet - Œuvres, 1880.djvu/82

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Le nez camard, les yeux troussés,
Un sarrau bleu, des souliers jaunes,
Il trotte, et fend les flots pressés
Des vieux bonzes, quêteurs d’aumônes.

Au bruit de son bassin de fer,
Le marchand qui vient sur sa porte,
Sent courir, le long de sa chair,
Une démangeaison plus forte.

Toute la rue est en suspens…
Et les mèches patriarcales
Se dressent, comme des serpents
Qu’on agace avec des cymbales.

C’est en plein air, sous le ciel pur,
Que le barbier met sa boutique :
Les bons clients, au pied du mur,
Prennent une pose extatique.

Tous, d’un mouvement régulier
Vont clignant leurs petits yeux louches ;
Ils sont là, comme en espalier,
Sous le soleil et sous les mouches.

Souriant, les doigts allongés,
Il flatte les épaules nues,
Et ses attouchements légers
Ont des puissances inconnues :