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Le Pâtre.
O voyageur, ne le dis à personne,
Il est muet le troupeau qui me suit !
Le Voyageur.
Ce ne sont donc ni des bœufs ni des chèvres
Que tu conduis, ô pâtre, avant le jour ?
Ce chalumeau tout usé par tes lèvres
Ne sait donc pas quelque refrain d’amour ?
Le Pâtre.
J’ai dans ma flûte un refrain lamentable ;
J’ai dans mon âme un hymne de douleurs
Qui fait, en cercle, autour de mon étable,
Tomber les nids et se faner les fleurs !
Le Voyageur.
Mais… ce troupeau ! qu’ai-je vu ?… Je frissonne !…
Spectres hideux, à la tombe échappés !
Le Pâtre.
O voyageur, ne le dis à personne,
C’est le troupeau de mes désirs trompés !